lundi 26 juillet 2010

Biblioxyloscopie d’une édition de Térence (1522).


Mon intention première était de vous conter l’œuvre de Térence, cet auteur de comédies qui ne font sans doute plus rire grand-monde aujourd’hui mais qui furent pendant tout le moyen-âge et jusqu‘au XVIIe siècle de vrais succès de librairie. (9 pages dans le Brunet, 980 entrées à la BNF!)

Térence, esclave sans doute de race africaine, est né à Carthage en 190 av. JC. Son œuvre est une adaptation latine de modèles hellénistiques d’après Ménandre. Il est souvent rapproché de Plaute, dans un genre comique plus subtil que chez ce dernier. Le répertoire de Térence prendra, à la fin du Moyen-âge, le relais des mystères et autres farces représentées sur les tréteaux. La Fontaine, Molière, Diderot le copieront ou s’en inspireront.

Mais voilà, pour vous parler de Térence, il fallait d’abord que je lise L'Héautontimorouménos, Le Phormion et L'Hécyre (tellement caustique…). Dites, on est sérieux au Bibliomane Moderne, on goûte les produits avant de vous les proposer !



Fig 1 Reliure en veau brun, dos à quatre nerfs, plats estampés à froid de frises et filets


Pour ce faire, je n’avais à ma disposition qu’un seul ouvrage de Térence en bibliothèque, une édition imprimée en 1522 par Jean Rémy pour le libraire-éditeur Symon Vincent, bien connu à Lyon entre 1503 et 1534. (1)

Donc, je commence à lire L'Héautontimorouménos, savamment commenté par Josse Bade qui avait contribué à une édition de Térence quand il était encore à Lyon, chez Trechsel, en 1493. Symon Vincent avait sans doute pensé qu’il serait bon, pour contenter les inconditionnels de Terence, d’y adjoindre les commentaires d’autres doctes glossateurs, comme Paul Malleolus et Melchinensis Taurapes. Et comme il fallait que les potentiels clients le sussent, il en fit un titre tellement long qu’il avait du mal à tenir sur la première page. Voici le titre, que je résumerais ainsi : « le Térence, avec des commentaires, de figures et des compléments. »


Fig 2 Page de titre de cette édition lyonnaise.


Les additions et les commentaires sont d’un accès ardu, et comme le cancre de Prévert, chemin faisant, mon attention fut attirée par les figures. Pas si laide que cela, ces figures, mais sans grand rapport apparent avec le texte. On a l’impression que deux histoires se déroulent en parallèle, comme si c’était du théâtre dans le théâtre : le texte nous raconte une histoire d’amour à Rome au 1er siècle avant JC pendant qu’une autre trame se déroule en image, cette fois-ci. Les bourgeois lyonnais du temps de François 1er défilent en costumes d’époque, saisis dans leur vie quotidienne. On y voit des bourgeois mais aussi des artisans, des bâtisseurs de cathédrales, les échevins siégeant dans la maison de ville, les commerçant qui discutent le cours des denrées à l’étale de leur échoppe, le maitre et son élève, d’autres scènes encore qui ne sont pas très faciles à interpréter (mais je compte sur vous !). Et le cancre oublie Térence et ses intrigues compliquées pour se plonger dans la vie animée de ce début du XVIe siècle, une vraie photographie !


Fig 3 Les échevins en leur assemblée.




Fig 4 Les bâtisseurs de cathédrales.




Fig 5 La transaction.


Pour sacrifier à la tradition, certains bois, plusieurs fois répétés, rappellent une scène de théâtre où les personnages sortent de derrière un rideau, dans une composition proche du Térence de Trechsel de 1493. (2)

Dans le Térence de Trechsel, les illustrations sont inhabituelles en ceci qu’elles montrent les pièces en cours de représentation : on voit les personnages costumés sur des tréteaux avec, derrière eux, des compartiments de rideaux portant le nom d’un ou de deux personnages. Un parti pris constant de l’illustration est de montrer la scène avec ses ornements et ses rideaux. Le modèle iconographique ainsi établi ne variera pas dans les éditions parisiennes, lyonnaises ou strasbourgeoise qui suivront, jusqu’au moment où il sera confronté avec les modèles de l’Antiquité, retrouvés au 17ème siècle.


Fig 6 Scène de Théâtre




Fig 7 Scène de Théâtre – les personnages portent des costumes à la mode du temps de François1er, semble-t-il, sauf l’homme âgé dont l’accoutrement fait penser à Louis IX.


Dans notre édition de 1522, les gravures n’ont pas la richesse de celles du Trechsel, mais en y regardant de plus près, ces scénettes ne manquent pas d’une certaine rigueur de construction. L’espace est resserré autour des personnages; les groupes, bien que peu animés, sont constitués de personnages représentés dans des poses différentes dont chacune semble exprimer une intention, un sentiment ou une réaction. Ces gravures ne sont pas signées mais elles ne sont pas l’œuvre d’un graveur du Dimanche. Je pense qu’il faut distinguer les lettrines, un peu usées qui ont du déjà servir à Jean Remy pour d’autres ouvrages, et les bois du début de chaque scène, une cinquantaine en tout, qui sont plus nets, peut être un premier tirage pour ce livre, qui a été peu décrit par les bibliographes. (3) Les deux ensembles sont néanmoins de la main du même artiste.

Une petite recherche sur l’entourage artistique de Symon Vincent, nous apprend qu’il s’est adjoint à différentes reprises les services de Guillaume II Le Roy non seulement pour l’illustration proprement dite mais aussi pour l’ornementation typographique (4). Baudrier reconnait chez cet artiste le style du « Maitre au Nombril » qui avait la particularité de prolonger le nombril de ses personnages d’un fort trait vertical. (Peu de nombril à examiner dans le Térence, mais voir cependant celui du diable de la Fig.13).


Fig 8 Capture sur le champ de bataille.


Guillaume Le Roy l’ainé était un imprimeur liégeois qui travailla d’abord à Cologne, puis à Bâle, avant d’être appelé à Lyon par Barthélémy Buyer, un bourgeois de la ville qui voulait introduire l’imprimerie à Lyon. C’était en 1473. Le fils de l’imprimeur, Guillaume II, actif de 1494 à 1528, était un peintre et graveur très apprécié à son époque, il fut appelé à Dijon pour y dresser un mystère à l’occasion de l’entrée de Louis XII et le consulat de la ville de Lyon l’associa aussi à la décoration de l’entrée de François 1er à Lyon en 1515.


Fig 9 La lecture. G Le Roy aime représenter des livres sur ses gravures, pas étonnant puisque son père était imprimeur.



Fig 10 Le Professeur et son élève dans une bibliothèque. J’ai compté plus de vingt ouvrages, tous incunables !!


Costumes, postures, graphisme des représentations ne disent pas encore la Renaissance qui débute en France, on dirait des bois incunables. Le trait est simple et dépouillé, les ombres sont marquées de larges traits non croisés ; la physionomie des personnages est peu expressive mais non figée ; la symétrie, très présente, est finement brisée par de légères inclinaisons du buste d’un personnage ou l’avancée d’une jambe, pour montrer celui qui intervient dans l’épisode, comme ici, dans cette scène que je n’ai pas réussie à interpréter.


Fig 11 Un personnage retient un assistant par la manche ( ?)




Fig 12 L’audience


Les travaux de François Avril ont permis d’ajouter au catalogue de l’artiste une série de manuscrits à peintures qui prouvent qu’il fut, pendant tout le premier quart du XVIe siècle, l’interlocuteur privilégié de tout ceux qui, passant par Lyon, avait besoin de faire illustrer leurs écrits. Une Chronique des rois de France ( BNF, All 84), une Concorde des deux languaiges (Carpentras, ms 412), un Traité des Armoiries des Chevaliers de la Table Ronde ( Arsenal, ms 4976). « Il est probable qu’il reste bien d’autres œuvres à retrouver de cet enlumineur fécond et inégalement soigné, selon le temps dont il disposait pour l’exécution de ses commandes » (5)


Fig 13 On ira tous au Paradis…enfin presque tous.


Bonne Journée,
Textor

___________________

(1) In fol de 173 sur 174 ff ( mq f 89) – illustr., marque de Symon Vincent au dernier feuillet

(2) Sur la représentation des scènes théâtrales de la Renaissance à travers le Térence de Trechsel, voir « Le cercle magique: essai sur le théâtre en rond à la fin du Moyen Âge » par Henri Rey-Flaud, et les illustrations de l’édition de Trechsel, ici :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b2200023b.planchecontact.f97

(3) Je n’ai pas pu consulter le Baudrier qui en dit peut-être un peu plus sur cette édition et sur l’auteur des bois. Brunet ne cite pas cette édition ; la BNF ne le possède pas ; La British Library en possède 2.

(4) « L’illustration des Métamorphoses d’Ovide à Lyon (1510-1512) : la circulation des images entre France et Italie à la Renaissance » - Frédéric Saby in Bibliothèque de l’école des Chartes – ici
http://books.google.fr/books?id=mIxZ-1GINdoC&pg=PA14&lpg=PA14&dq=%22guillaume+II+le+Roy%22&source=bl&ots=WceCbpc_04&sig=YAC7rTf9CymTu18B5R91JjLs8Ys&hl=fr&ei=xwZDTOS_GongOPz6-JwN&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CBUQ6AEwAA#v=onepage&q=%22guillaume%20II%20le%20Roy%22&f=false

(5) F.Avril et N. Reynaud, « Les manuscrits à Peintures en France, 1440-1520 » Expo BNF 1993 p 362. Et pour une cote récente de l’artiste, voir le lot 45 de la vente Christies du 7 juillet dernier.
http://www.christies.com/LotFinder/lot_details.aspx?intObjectID=5334934

dimanche 11 juillet 2010

Une Histoire Naturelle de Pline l’Ancien (1483).


Les vacances approchent ; c’est toujours l’occasion de se rapprocher de la nature ; il me parait judicieux d’emporter dans vos valises l’Histoire Naturelle de Pline. (Attention à la taxe de surcharge à l’aéroport !). C’est un ouvrage passionnant et le premier livre scientifique à avoir été imprimé.

Caius Plinius Secundus naquit en 23 de l'ère chrétienne. Le lieu de sa naissance est incertain, placé selon les uns, à Vérone ; selon les autres, à Côme (Novocomum). Ce qui fait croire que Pline est de Vérone, c'est que des manuscrits portent en effet Plinius Veronensis, mais l’exemplaire présenté ici porte Novocomensis !

Fig 1 Première page de cette édition qui débute par une préface, en aaii, sans autre page de titre ?.

Avec, les renseignements disséminés dans l'ouvrage de Pline, on a pu dresser une histoire de sa vie. Vers 35, son père l'emmène à Rome, où il confie son éducation à un de ses amis, le poète et général Publius Pomponius Secundus. Pline y acquiert le goût d'apprendre. Deux siècles après la mort des Gracques, le jeune homme peut admirer certains de leurs manuscrits autographes dans la bibliothèque de son précepteur. Il leur consacre plus tard une biographie. À Rome, il étudie la botanique au topiaire d'Antonius Castor et voit les anciens « arbre lotus » sur les terrains qui avaient appartenu auparavant à Crassus (voir plus loin , livre 17 ) . Puis Il sert dans l’armée et, en 47, participe à la conquête romaine des Chauques, tribu germanique du littoral. Il note les sites associés à l'invasion romaine en Germanie et écrit une « Histoire des guerres germaniques », en 20 livres, malheureusement perdu aujourd’hui. Cet ouvrage, cité comme référence par Tacite, était probablement une des principales sources sur les peuples de Germanie.

En l'an 63, sous le règne de Néron, il publie son livre intitulé « Des studieux » (Studiosorum libri). C'est l'époque de la naissance du fils de sa sœur, Pline le Jeune., qui nous a laissé une précieuse correspondance sur laquelle je reviendrai un jour.

L'an 78, à cinquante-cinq ans, il dédie son Histoire naturelle à Titus, et un an après, il meurt à Stabies, dans l'éruption du Vésuve, victime de sa curiosité. Pline le Jeune a raconté par le menu dans une lettre à Tacite les circonstances de cette fin tragique.

Fig 2 La table des Matières présente chacun des 37 livres avant d’en détailler chaque chapitre.

Des ouvrages de Pline un seul est arrivé jusqu'à nous, son Histoire naturelle. Pline le jeune nous dit que « L'Histoire naturelle (en 37 livres) est un ouvrage étendu, savant, presque aussi varié que la nature elle-même. »

En fait c’est une sorte d’encyclopédie qui traite de multiples sujets, en partant du monde astronomique jusqu’aux réalisations humaines, tout y passe. Ces principales parties se décomposent comme suit :

- le premier livre expose la structure de l'univers,
- les livres III et IV sont consacrés à la géographie,
- les livres VII à XI aux Animalia, c'est-à-dire à tous les êtres vivants, hommes et animaux,
- les livres XII à XIX à la botanique,
- XX à XXXII à la médecine ;
- les livres XXXIII à XXXXVII traitent des minéraux, métaux et pierres précieuses. et il fait à la fois l'histoire des procédés d'extraction de ces substances, et celle de la peinture et de la sculpture chez les anciens.

Fig 3 Le livre Quatrième

Pline est la référence pour de multiples données sur le monde romain antique. Ainsi, l’exposition présentée actuellement à la Bibliothèque Nationale sur les manuscrits de la mer Morte, rédigés aux environs du Ier siècle av. J.-C. et retrouvés en 1947 dans des grottes près de Qumrân, cherche à percer le mystère du peuple qui a écrit et conservé ces manuscrits (peut-être les Esséniens).
Et savez-vous qui a relaté l’existence de cette communauté ? Pline, bien sur, qui nous dit « qu’à l’occident du lac d’Asphaltie (Mer Morte) les Esseniens (Hessenorum) fuient le littoral tant il est nocif, C’est un peuple unique dans le Monde entier, sans aucune femme, ayant renoncé à tout ce qui est de Vénus, sans argent, vivant dans la société des palmiers. » (Liv. V, 17). Ils pratiquaient un mode de vie très austère selon les prescriptions de la Torah, accessoirement, ils nous ont laissé le texte le plus ancien connu de la Bible.

Fig 4 Livre 5, Gens Hessenorum

Contrairement à d’autres textes antiques, l’Histoire Naturelle de Pline l’Ancien n’a jamais été perdue. Tout à l’inverse, même, il a fait l’objet, dès l’Antiquité et jusqu’à la fin du Moyen-âge, de copies multiples du texte entier, aussi bien que d’abréviations, et de commentaires, si bien que le texte a fini par être assez corrompu.

Fig 5 les animaux aquatiques

La première édition voit le jour à Venise, sous les presses de Johannes de Spira en 1469 (et non pas Nicolas Jenson comme le mentionne certaines sources), suivie l’année suivante d’une seconde édition publiée à Rome par Giovanni Andrea Bussi, évêque d’Aléria, sur la presse de Sweynheym et Pannartz.. À peine publiée, cette édition, rééditée en 1472, fait l’objet d’une levée de boucliers et son éditeur est voué aux gémonies. Les critiques les plus vives émanent d’un autre ecclésiastique, Niccolò Perotti (1430-1480). Celui-ci publie, annexé à son Cornucopiae, un texte mettant en évidence les vingt-deux erreurs fondamentales de Bussi. Il produit lui-même une édition (la 4ème) en 1473, à Rome, chez les mêmes Sweynheym et Pannartz, qui n’est pas exempt de critiques.

Philippe Béroalde s’attaque donc au sujet et publie une édition à Parme en 1476, ce texte sera repris par les éditions suivantes (Trevise, 1479 ; Parme, 1480 et 1481) puis par celle présentée ici, imprimée à Venise par Rainaldus de Novimagio, en 1483. Mais là encore des publications mettent au jour de nombreuses erreurs dans l’établissement du texte. L’une des plus connues fait suite à un échange de lettres entre Ange Politien et Niccolò Leoniceno, médecin établi à Ferrare. Cet échange déboucha sur la publication du célèbre De erroribus Plinii et aliorum recentiorum medicorum, en 1492, c’est le début d’une traque aux erreurs des copistes, qui aboutit à la publication des Castigationes d’Ermolao Barbaro, gros travail de critique textuelle et de collation de manuscrits, mais aussi de réflexion sur le texte. Les principales corrections de Barbaro seront fréquemment adoptées par les éditeurs successifs du texte.

Voici quelques extraits du livre tirés de la traduction d’Emile Littré, tantôt insolite, tantôt poétique, pour vous donner envie de lire la suite :

Fig 6 Extrait du Livre 6, le Pont Euxin

« Le Pont-Euxin appelé jadis Axenus (IV, 24) à cause de la barbarie inhospitalière des peuples qui en habitaient les rives, s'épanche, lui aussi, entre l'Europe et l'Asie, grâce à une malignité particulière de la nature, qui cède sans terme à l'avidité de la mer. Ce n'était pas assez que l'Océan entourât les terres, et que, augmentant l'étendue des lieux inhabités, il eût englouti une partie des continents; ce n'était pas assez qu'il eût fait irruption à travers les montagnes brisées, qu'il eût arraché Calpé à l'Afrique, et noyé des espaces plus grands que ceux qu'il laissait découverts; ce n'était pas assez que par l'Hellespont il eût versé la Propontide aux dépens de nouvelles terres qu'il dévorait; il fallait qu'à partir du Bosphore de Thrace il se développât en une autre immensité, toujours insatiable, jusqu'à ce que le Palus-Méotide joigne à ces eaux débordées son contingent de spoliations. »

Fig 7 Début du Livre 8, l’Eléphant

« Passons aux autres animaux, et parlons d'abord des animaux terrestres. L'éléphant est le plus grand, et celui dont l'intelligence se rapproche le plus de celle de l'homme; car il comprend le langage du lieu où il habite; il obéit aux commandements; il se souvient de ce qu'on lui a enseigné à faire; il éprouve la passion de l'amour et de la gloire; il possède, à un degré rare même chez l'homme, l'honnêteté, la prudence, la justice; il a aussi un sentiment religieux pour les astres, et il honore le soleil et la lune. »

C’est vrai qu’un troupeau d’éléphants qui arrive sans bruit au point d’eau par une nuit de pleine lune possède un côté mystique ….

Fig 8 Livre 10 La nature des oiseaux : les autruches

« … ce ne sont pas des oiseaux, et elles ne s'élèvent point de terre. Leurs pieds sont semblables à ceux du cerf, fourchus; elles s'en servent pour combattre, saisissant des pierres, qu'elles lancent envoyant contre ceux qui les poursuivent. Dévorant tout indistinctement, elles ont la singulière faculté de tout digérer; mais leur stupidité n'est pas moins singulière : elles s'imaginent, avec un corps si grand, que lorsqu'elles ont caché leur tête dans les broussailles on ne les voit plus.»

Fig 9 Liv 14 Le bon vieux temps

« Ce dont je ne puis assez m'étonner, c'est que le souvenir de certains arbres et la connaissance des noms que les auteurs ont rapportés aient disparu. Et cependant qui ne penserait, vu les communications ouvertes entre les parties du monde, vu la grandeur majestueuse de l'empire romain, que la civilisation a fait des progrès, grâce à l'universalité des échanges et à la jouissance commune d'une paix fortunée, et qu'une foule d'objets qui jadis étaient demeurés cachés sont devenus d'un usage vulgaire ? Mais aujourd'hui on ne trouve plus personne qui connaisse tout ce que l'antiquité a relaté; tant l'industrie des anciens a été plus féconde, ou leur habileté plus heureuse. Il y a mille ans qu'Hésiode, à l'origine même des lettres, a commencé à donner des préceptes aux agriculteurs, suivi en cela par bon nombre d'autres. De là accroissement de labeur pour nous; car il faut rechercher non seulement les découvertes des modernes, mais encore celles des anciens, au milieu de l'oubli que l'incurie a jeté sur les choses. Quelles causes assigner à cette léthargie, si ce n'est les causes générales du monde? »
Cette envolée démontre, s’il est besoin, que l’homme a toujours regretté le temps passé !


Fig 10 Les arbres fruitiers (Livre 15)


Fig 11 L’histoire des arbres de Crassus (Livre 17)

« Les arbres croissant spontanément sur la terre et dans la mer sont décrits. Reste à décrire ceux que le génie inventif de l'homme forme plutôt qu'il ne les fait naître. Mais auparavant j'exprimerai mon étonnement qui après la pénurie primitive que j'ai décrite (XVI, 1) où la forêt appartenait en commun aux bêtes fauves, et où l'homme disputait aux quadrupèdes les fruits tombés, aux oiseaux les fruits pendants, le luxe ait attaché aux arbres un prix si exorbitant. L'exemple le plus célèbre de cet excès est, je pense, celui de L. Crassus et de Cn. Domitius Ahenobarbus.

Crassus fut un des plus illustres orateurs romains; il possédait une maison magnifique, cependant il y en avait de plus belles : celle de Catulus, qui vainquit les Cimbres avec Marius, placée aussi sur le mont Palatin,..... Un jour, Cn. Domitius, d'un naturel emporté, et enflammé par la haine, que la rivalité rend plus agressive, fit un grave reproche à Crassus d'habiter, lui censeur, une maison d'une aussi grande valeur, déclarant en donner 6 millions de sesterces. Crassus, qui à une présence d'esprit imperturbable joignait une finesse railleuse et spirituelle, répondit qu'il acceptait, à part six arbres qu'il se réservait. Je n'en donne pas un denier, dit Domitius, si les arbres n'en sont pas. Eh bien, Domitius, reprit Crassus, lequel des deux donne un mauvais exemple et mérite d'être noté par sa propre censure, de moi qui demeure honnêtement dans une maison reçue par héritage, ou de vous qui estimez six arbres 6 millions de sesterces ? Ces arbres étaient des lotos (cellis australis, L.) dont les rameaux touffus donnaient un ombrage délicieux ».


Fig 12 Livre 23, Des remèdes tirés des arbres cultivés


Bonne Journée
Textor

samedi 10 juillet 2010

La Nouvelle Revue des Livres Anciens - N°3 - 2010 - Un excellent numéro d'une revue qui fait désormais partie du paysage bibliophilique.




Avant mon départ pour ce petit havre de paix qu'est le village médiéval d'Yvoire en Haute-Savoie, petit écrin de tranquillité flanqué aux pieds du Léman, je tenais à rendre compte de ma lecture attentive (néanmoins encore partielle) du dernier numéro de la Nouvelle Revue des Livres Anciens. Vous la connaissez peut-être déjà si vous lisez régulièrement le blog du bibliophile géré par Hugues. La Nouvelles Revue des Livres Anciens (NRLA) est une des seules actuellement proposées sur le marché des revues bibliophiliques francophones et éditées sur le territoire français, avec : le Magazine du Bibliophile (qui vient de reparaitre depuis quelques mois après une longue interruption), le Bulletin du Bibliophile (édité par le Cercle de la Librairie), la revue Plume, le magazine du patrimoine écrit (qui traite des autographes mais également de bibliophilie) et enfin la revue Arts & Métiers du livre (Editions Faton), qui traite plus particulièrement de la reliure d'art, et notamment de la reliure d'art contemporaine mais qui s'intéresse également au monde de la bibliophilie dans toute son étendue, y compris les éditions anciennes.

La NRLA comme il est désormais coutume de l'appeler (signe qu'elle est bien rentrée dans les moeurs du bibliophile), en est à son troisième numéro. Le quatrième numéro paraîtra pour la fin de l'année 2010.

Tout d'abord il convient de remercier l'initiative de deux hommes sans qui rien n'aurait été possible. MM. Hugues Ouvrard et Jean-Paul Fontaine, tous deux fondateurs et directeurs de la publication. Hugues nous l'avons dit gère le Blog du Bibliophile depuis trois ans déjà et a, grâce à cette ouverture du monder bibliophilique sur la toile, suscité de nombreuses vocations et initiatives. Le Bibliomane moderne n'aurait certainement pas existé sans ce précédent qui a permis de faire du net un des media les plus utiles et les plus agréables dans ce domaine. Mais c'est aussi le blog de notre ami Pierre de Tarascon, depuis installé libraire dans sa bonne ville. Mais sans doute aussi des vocations de libraire. Sans rien trahir, la librairie de notre ami Eric, l'Escalier des Sages doit aussi à cette saine émulation. Dernièrement c'est Benoît avec son blog Entraide Bibliophile qui enrichit à son tour la bibliosphère. La NRLA doit également beaucoup à Jean-Paul Fontaine, bibliophile "à la retraite" mais qui ne cesse de s'intéresser aux vieux bouquins et d'écrire dessus. Jean-Paul Fontaine a déjà rédigé une grande partie des articles publiés dans la NRLA. On sait par ailleurs qu'il travaille sur d'autres projets, souhaitons-lui bon courage.

Quid de ce n°3 de la NRLA ? Je n'ai pas encore tout lu, j'en garde un peu pour les vacances ! De ce que j'ai pu lire, c'est un excellent numéro. A mon sens, c'est sans conteste le plus abouti et plus intéressant depuis la création de la revue. Les sujets des articles sont variés, bien développés, ils peuvent intéresser aussi bien le bibliophile novice que le bibliophile expert. C'est une belle réussite. Je vous laisse lire le sommaire reproduit ci-dessous pour vous faire une idée du contenu.


J'ai particulièrement apprécié l'article rédigé par Hugues sur le relieur Pierre-Marcellin Lortic (1822-1892). J'y ai appris d'intéressantes choses. L'enquête bibliographique sur la "Bibliothèque nationale", une collection de classiques à vingt-cinq centimes fondée par Nicolas David en 1863 (par Didier Barrière de la Bibliothèque de l'Imprimerie Nationale) est une mine d'informations sur le sujet et une curiosité à découvrir. Je me réserve la lecture pendant les vacances des Bibliophilophysiologies pré-uzanniennes de notre ami Jean-Paul Fontaine. A n'en pas douter une merveille ! même si je soupçonne que les bibliomanes y sont malmenés... Un compte-rendu du Salon du Livre Ancien au Grand Palais nous est proposé par Madame Anne Lamort, libraire. J'ai déjà dis ici dans un autre billet que sur le fond j'attendais peut-être un peu autre chose... mais l'article est court et je veux croire qu'il n'a pas permis à son auteur de traiter le sujet plus à fond. Je le regrette personnellement. M. Galantaris évoque pour nous la personnalité de Jean Fürstenberg, banquier et bibliophile. Il est toujours intéressant de savoir comment les bibliophiles sont venus au livre, comment ils l'ont vécu tout au long d'une vie. Je m'arrêterai là et vous laisse découvrir par vous même tout le reste. Plusieurs heures de lectures pour les chaudes journées d'été.

Je terminerai en disant que cette revue mérite qu'on s'y attarde qu'on la lise et relise, elle est d'un format agréable, la typographie et la mise en page est faite de manière à ne pas fatiguer l'oeil. C'est un bon point. On pourrait lui reprocher un manque d'illustrations en couleurs dans le texte mais je sais combien ce petit luxe dans la forme peut coûter cher dans le fond. Je ne sais pas combien ce numéro 3 a su drainer d'abonnés, mais je suis certain que c'est trop peu. Je ne peux qu'aller dans le sens de Jean-Paul Fontaine qui regrette un manque de motivation de la part des institutions. Ne pourrait-on pas imaginer que cette revue, avec d'autres sur le sujet, soit présente dans la plupart, pour ne pas dire toute, des institutions (bibliothèques municipales, universitaires, etc.) ? Quelle bibliothèque ne dispose pas de 42 euros par an quand on voit tant de préemptions à coups de milliers voire de dizaines de milliers d'euros ?

En espérant vous avoir donné l'envie de vous abonner rapidement.

Je rappellerai pour finir les coordonnées de la NRLA pour vous abonner ou vous renseigner sur les conditions d'abonnement :

Association pour la publication de la revue semestrielle La Nouvelle Revue des Livres Anciens (J.O. 140e année, n°52, 27 décembre 2008).

Jean-Paul Fontaine et Hugues Ouvrard
fondateurs et directeurs de la publication

La Nouvelle Revue des Livres Anciens
3B, rue des 16e et 22e Dragons
F - 51100 Reims

Tél : 03 26 47 89 21
Courriel : nrlanciens@gmail.com

Abonnement (2 numéros par an, port inclus) : France 42 euros - Etranger 50 euros

Paiement par chèque ou par virement
Banque : 30003 Guichet 01690
Compte n° 00050454614 Clé : 15
IBAN : FR7630003016900005045461415
BIC : SOGEFRPP

Mise en page : Sandra Rota
sandra.coqalane@wanadoo.fr

Imprimerie : Alliance Partenaires Graphiques
26-30, rue du Docteur Schweitzer
F - 51100 Reims

Dépôt légal : juin 2010

ISSN : 2103-3285

Bonne journée,
Bertrand

mercredi 7 juillet 2010

Un nouveau blog pour les bibliophiles curieux : Entraide bibliophilie (par Benoît).



Bonjour,

J'ai récemment créé le blog Entraide bibliophile afin de faire un site dédié réellement à l'entraide, qui puisse permettre de poser toutes sortes de questions autour de la bibliophile, que ce soit sur les éditions, les reliures, les autographes, les illustrateurs, etc.

Je suis parti du constat que les jeunes bibliophiles, comme moi et quelques amis, ont de grosses lacunes tant au niveau connaissances (ce qui est normal au début) qu'au niveau méthodes de recherche. Un tel blog peut permettre autant aux jeunes qu'aux moins jeunes bibliophiles de trouver les méthodes pour mieux effectuer ses recherches par exemple ou mieux connaître certains points comme les cuirs. Je me souviens avoir vu une page sur un blog pour reconnaître les cuirs, dont j'ai du gardé le lien. C'est typiquement le genre de choses que je verrai bien regroupées sur ce blog

En bref, si vous avez des questions, envoyez les (avec ou sans photos). Si vous avez de bonnes connaissances, n'hésitez pas à les partager dans les commentaires et à faire des articles pour aider les moins compétents d'entre nous sur tel ou tel point qui vous tiens à cœur. Et si vous connaissez des articles intéressants sur tel ou tel point, comme l'exemple que j'ai donné, n'hésitez pas pas à me les signaler!

Pour tout, un seul contact : entraidebibliophile@gmail.com

Wall (sur internet) - Benoît (dans la vraie vie)

Salutations bibliophiles
Benoît

lundi 5 juillet 2010

Histoire d'un livre, histoire d'une édition : Le bâtard de Mauléon par Alexandre Dumas père (1846-1847).


Histoire d'un livre, histoire d'une édition. Je ne sais pas encore si ce sera le titre d'une nouvelle thématique de billets pour le Bibliomane moderne ou une simple lubie d'un soir. Je vis la chose bibliomaniaque comme je sens au moment où je sens. Au risque d'improviser à côté... mais qui ne tente rien...

Ce soir j'avais envie de vous parler d'un livre, d'une édition ou plutôt des éditions d'un même livre.

Le bâtard de Mauléon par Alexandre Dumas. Tome premier à quatrième, suivi d'une suite et fin du bâtard de Mauléon (addition au tome quatrième et dernier).

4 tomes en 1 fort volume in-18 (14,5 x 9,5 cm) de 172, 150, 165 et 200 pages.

Publié à l'adresse suivante : Bruxelles, Alph. Lebègue et Sacré fils, imprimeurs-éditeurs, 1846-1847 (seul le quatrième tome et dernier porte la date de 1847).

Ce n'est pas l'édition originale mais une édition belge comme on peut le constater. Encore un roman historique écrit en collaboration avec Auguste Maquet ! (*) L'édition originale du Bâtard de Mauléon est ainsi décrite par Georges Vicaire dans son Manuel de l'amateur de livres du XIXe siècle, tome III, col. 376 :

Le Bâtard de Mauléon, par Alexandre Dumas. Paris, Alexandre Cadot, éditeur, 32, rue de la Harpe, (Sceaux, impr. E. Dépée), 1846-1847. 9 vol. in-8, couv. impr. Édition originale publiée à 7 fr. 50 le vol.

Comme on peut le constater les dates d'édition entre l'édition parisienne (EO) et l'édition belge sont identiques. Qu'est exactement alors cette petite édition belge ? Une simple contrefaçon faite sur l'EO parisienne publiée chez Cadot ? Une édition pré-originale publiée avant l'édition Cadot ? On sait que ce roman mineur du grand romancier a paru d'abord en feuilleton dans la presse, dans le journal "Le Commerce" exactement, durant l'année 1846. Ce roman avait été tout d'abord refusé par Le Presse.


On ne saura sans doute jamais ce qu'était cette petite édition belge et si elle mérite d'être considérée ou non. Je vous laisse de votre côté vous faire votre idée. Sachez toutefois que l'EO parisienne chez Cadot est pratiquement introuvable, comme presque toutes les EO in-8 des œuvres de Dumas père d'ailleurs. Il faut quelquefois sacrifié à l'ignorance pour pouvoir accaparer quelques instants un titre de l'auteur désormais immortel des Trois mousquetaires et du Vicomte de Bragelonne.

Bonne soirée,
Bertrand

(*) Pour Le Bâtard de Mauléon, Maquet doit achever tout seul le roman, Dumas n'ayant pas écrit les deux derniers des huit volumes prévus. La fiche complète du Bâtard de Mauléon est présentée sur le site dumaspere.com

Le Bouquiniste français et le Bulletin de la librairie ancienne et moderne : publications du SLAM au XXe siècle.




Un achat récent précédé d'un autre il y a quelques mois maintenant, m'offre l'opportunité de vous parler de deux petits bulletins édités dans la seconde moitié du XXe siècle, organes de promotion et de documentation du Syndicat de la Librairie Ancienne et Moderne (SLAM), syndicat qui de nos jours continue à exister. C'est le SLAM qui organise le salon du livre de collection au Grand Palais par exemple.

De quoi s'agit-il ? Je ne vais pas vous faire l'historique précis et complet de ces deux bulletins parus successivement, je n'en ai pas le temps et il me faudrait enquêter plus avant. Je vais simplement évoquer avec vous ces deux organes de communication.

Le Bouquiniste français est le plus ancien des deux. J'ai par exemple le numéro 14 de noël 1959. Petit fascicule grand in-8 de 82 pages, agrafé, sous couverture imprimée. On lit en deuxième de couverture que le Bouquiniste français est une revue mensuelle. Il s'agit ici du n°14, nouvelle série et de la 39e année (on en déduit donc la première année en 1920 ou 1921). Cette revue est publiée sous le patronage du Syndicat de la Librairie Ancienne et Moderne. En 1959 l'abonnement annuel est de 2.000 francs ou de 200 fr. au numéro. La direction est à Marc Pénau et la rédaction à Maurice Carité. Le siège social de la revue est au 15 de la rue Guénégaud, Paris, 6e. Téléphone Danton 39-84. L'administration et la comptabilité est à l'adresse du Syndicat de la Librairie Ancienne et Moderne au 117, Boulevard Saint-Germain, Paris 6e.

Que trouve-t-on dans cette revue ? Le sommaire annonce le détail. On y trouve plusieurs articles intéressants par numéro. Bibliographie, bibliophilie, reliure, etc. Voici à titre d'exemple le sommaire du n°14 de 1959 :

- Une correspondance inédite (1912-1931) de Jehan Rictus présentée par Le Breton Grandmaison.
- Maximes pour la librairie.
- Le Baron Taylor (1789-1879) par Eliane Maingot.
- Gustave Doré par Alexandre Arnoux, de l'Académie Goncourt.
- Visite au Pays de Joachim du Bellay par Madeleine Bariatinski.
- Le souvenir de Marceline Desbordes-Valmore par Lucien Descaves.
- La boîte aux lettres (courrier des lecteurs)

On y trouve quelques annonces, quelques informations diverses, une bibliographie, un répertoire des chercheurs, les offres, les demandes des lecteurs bibliophiles ou libraires, le sommaire.
On trouve également de nombreux encarts publicitaires réservés aux membres du SLAM.

Le Bulletin de la Librairie Ancienne et Moderne, anciennement Bouquiniste français maintenant. De format identique, couverture sobre imprimée en couleurs sur fond blanc. J'ai le n°83 de mars 1966 sous les yeux. Que contient-il ? Plus mince, il contient moins d'articles de fond et plus de publicités pour les libraires du SLAM. L'adresse de la revue est la même que précédemment. La direction en 1966 est à J.-H. Pinault. La rédaction reste à M. Carité. Dans ce numéro de 1966 on trouve un article sur Hetzel à la Nationale, une liste des publications reçues au bureau du Bulletin. Quelques annonces, des réclames.

Je ne sais pas en quelle année à cessé de paraître le Bulletin de la Librairie Ancienne et Moderne ? Un gentil lecteur du Bibliomane moderne proche des instances du SLAM saura sans doute nous renseigner.

Me voici donc l'heureux dépositaire pour un temps indéterminé de deux gros cartons de ces bulletins dans lesquels je m'amuse à chercher au hasard quelques informations toujours intéressantes. Je ne sais pas si aujourd'hui le SLAM continue à éditer un Bulletin destiné à ses membres ? aux bibliophiles ? aux libraires non membres ?

Connaissiez-vous ces bulletins ? Les vieux briscards libraires s'en souviennent-ils ?

Je suis bien sur preneur de toute information sur ces publications. Je vais de mon côté essayer d'en savoir plus et je vous en ferai profiter.

A lire sur le sujet :

Rôle et fonction de la librairie ancienne et moderne

"En tête du n° 1 (octobre 1958), du Bouquiniste français 1 rénové, revue mensuelle publiée sous le patronage du Syndicat de la librairie ancienne et moderne, M. Julien Cain a évoqué en ces termes le rôle et la fonction de la librairie ancienne et moderne et le concours fructueux que ses représentants apportent aux bibliothèques :

L'organe publié par le Syndicat de la Librairie ancienne et moderne qui porte un titre : Le Bouquiniste français cher à tous les amis du livre, va prendre une forme nouvelle. Au delà du milieu, nécessairement limité, de la profession il voudrait s'adresser à un public plus large, lui apporter des informations variées sur la vie du livre, à l'étranger comme en France, sur les ventes les plus importantes, sur l'état et le développement des grandes collections et des bibliothèques, parmi lesquelles figure en premier rang la Bibliothèque nationale. En demandant à son Administrateur général, qui est aussi Directeur général des bibliothèques de France, de présenter le premier numéro de leur publication ainsi renouvelée, les libraires français lui donnent l'occasion de reconnaître publiquement les services que constamment, jour après jour, souvent obscurément et sans éclat, ils rendent aux bibliothèques comme aux chercheurs isolés.

D'abord par leurs catalogues que l'on consulte toujours avec fruit; on sait que M. Bergeret faisait d'eux sa lecture favorite et les trouvait tous délectables. Il en est de magnifiques, illustrés avec soin et abondance et qui se présentent sous des couvertures éclatantes; il en est de plus modestes. Mais les uns et les autres jouent leur rôle, qui est de faire circuler le livre, de l'offrir à l'amateur, au curieux, à l'érudit.

L'amateur trouvera encore chez les héritiers des Damascène Morgand ou des Rahir, des plus célèbres libraires du passé, les éditions rares, les ouvrages précieux pour leur illustration ou leur reliure, qui foisonnaient il y aura bientôt cent cinquante ans, quand le libraire Jacques-Charles Brunet publiait son fameux Manuel de la Librairie ancienne et moderne, monument d'érudition bibliographique qui fait honneur à la profession. Le choix est devenu plus rare qui s'offre aux bibliophiles. La matière manque souvent, et ils se la disputent davantage. Ils n'en sont que plus attachés aux libraires qui maintiennent une glorieuse tradition.

Mais la notion de rareté ne s'applique pas seulement à ce qui est considéré traditionnellement comme précieux. Il y a la masse, chaque jour grandissante, des livres qui étaient considérés comme d'usage courant quand ils ont paru et qui sont épuisés chez leurs éditeurs. Ceux-ci font des efforts, souvent difficiles, pour les rééditer; ils y renoncent souvent. Il y a aussi la masse des ouvrages tombés depuis longtemps dans le domaine public. Il en est que l'on réédite périodiquement. Mais pour la majorité d'entre eux, une sorte de mort les a frappés. C'est un fait partout constaté, unanimement regretté, que des livres qui ont leur place dans notre histoire littéraire, que des ouvrages d'érudition, des traités scientifiques longtemps célèbres et largement diffusés sont devenus inaccessibles.

Il y a bien les ressources immenses qu'offrent les bibliothèques. Mais que de savants, que de chercheurs en sont éloignés par leurs occupations ou souhaitent, au dela des quelques heures de séance dont ils peuvent disposer, travailler chez eux librement. Quelle déception pour eux quand sont opposés à leurs demandes de prêt des règlements dont ils ne peuvent, quand ils les considèrent objectivement, contester la légitimité. Les bibliothécaires qui en sont chargés s'efforcent d'en assouplir le fonctionnement et c'est un des projets de la Direction des bibliothèques de France de créer une Bibliothèque centrale de prêt, analogue à la Central Library de Londres, à l'intention des érudits. Mais il faut souvent constater dans les bibliothèques elles-mêmes de graves lacunes : c'est aux libraires qu'elles s'adressent pour les combler.

La fonction que ces derniers remplissent dans la vie scientifique et intellectuelle de notre pays est donc particulièrement importante. Elle grandit à mesure que la recherche se développe, sous les formes les plus diverses. Des instituts, des centres de travaux, des laboratoires sont créés, qui disposent souvent de moyens matériels considérables, mais auxquels manquent parfois - tout au moins dans le domaine des sciences humaines - les instruments les plus sûrs de la recherche que sont certaines collections, certains ouvrages fameux dans leur spécialité. C'est là que l'appel au libraire se fait pressant.

On lira avec intérêt les listes de « demandes » qui remplissent les colonnes du Bouquiniste français. On observera que les « offres » ne les équilibrent pas et qu'elles se raréfient de plus en plus. C'est le signe que le livre courant, devenu rare, peut devenir précieux. Un autre signe est l'importance des demandes émanant de l'étranger. Dans les numéros les plus récents, j'ai relevé des demandes venues des villes les plus diverses : Amsterdam, Middelbury, Palo Alto, Londres, Berlin-Dahlem, Hampton Bays (N. Y.), Reggio Emilia, Oxford, Berne, Wiesbaden... J'arrête ici cette énumération. Il s'agit de livres d'études d'une qualité reconnue, intéressant toutes les disciplines. Et l'on ne peut pas ne pas voir là un hommage à la culture française, qui fut toujours nourricière des autres cultures.

Il convient donc de se féliciter de la transformation du Bouquiniste français et de souhaiter que, sous sa forme nouvelle, il demeure l'organe partout consulté de la Librairie ancienne et moderne. Nous trouverons ainsi des raisons nouvelles d'estimer une profession au sujet de laquelle Diderot déclarait - et je ne me lasse pas de répéter ce propos - qu'elle « doit être regardée comme une des plus nobles et des plus distinguées » ajoutant que « le libraire dans son genre de commerce donne de la considération, si celui qui l'exerce a l'intelligence et les lumières qu'elle exige."

Source internet : http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1958-10-0726-004#note-1 [consulté le 05/07/10].

Un exemplaire complet de la nouvelles série est proposé à la vente en ligne par un libraire :

Bouquiniste français (le). Revue mensuelle publiée sous le patronage du Syndicat de la Librairie Ancienne et Moderne. Paris, 1958-1976. 183 livraisons, nombreux suppléments et papillons in-8. Collection complète de la nouvelle série de la revue mensuelle de bibliophilie et d'information publiée par le S.L.A.M. (Syndicat national de la Librairie Ancienne et Moderne). « Au-dela du milieu, nécessairement limité, de la profession, [le Bouquiniste français] voudrait s'adresser à un public plus large, lui apporter des informations variées sur la vie du livre, à l'étranger comme en France ». Gérants : M. Penau, J.-H. Pinault, Y. Margotat, J.-P. Rouillon, J.-J. Magis. Principaux collaborateurs : Julien Cain, Y. Gandon, G. Duhamel, A. Lanoux, H. Poulaille, H. Queffelec, A. Chamson, L. Chaigne, P. Mornand, J.-P. Seguin, A. Arnoux, A. Billy, R. Dumesnil, H. Mitterand, P. Descaves, M. Schumann, V. Del Litto, H. Massis, G. Bauer, W. d'Ormesson, M. Garçon, J. Romains, Philippe Chabaneix. Catalogues : [ Histoire du Livre ] [ Périodique ] [ Histoire du Livre ] [ Bibliographie ] Cet ouvrage vous est proposé par la Librairie Henri Bonnefoi. Euro 750.00

Bonne journée,
Bertrand

dimanche 4 juillet 2010

Revue de presse bibliophilique, Plume magazine n°52 : Le SLAM : Vers de nouveaux horizons ?



A-t-on le droit de commenter la presse spécialisée bibliophilique ? Je pense que oui. Je vous laisse juge. J'ai été personnellement très "interpellé" par le billet qui a été publié dans le n°52 de la revue autographophile et bibliophile "Plume Magazine" (Le Magazine du patrimoine écrit).

On dit toujours que les paroles s'envolent et que les écrits restent, cela tombe bien, je vous propose de l'écrit qui restera donc. Cet article signé de M. Pascal Fulacher est une présentation du SLAM (Syndicat de la Librairie Ancienne et Moderne), nouveau bureau, avec la présentation du nouveau président M. Alain Nicolas et des nouvelles missions et objectifs à atteindre.

Je vous laisse lire cet article :

"Docteur ès lettres, expert près la Cour d’Appel de Paris, Alain Nicolas qui succède à la présidence de ce syndicat à Frédéric Castaing, assume pour la seconde fois cette fonction puisqu’il y avait déjà exercé un premier mandat à la fin des années 80. Homme d’expérience - il a également présidé la Ligue internationale de la librairie ancienne (LILA) et moderne au cours de deux mandats successifs à la fin des années 90 - Alain Nicolas entend revenir aux principes fondamentaux énoncés dans les statuts de cette association professionnelle. Défendre et servir les intérêts matériels et moraux de ses membres figurent parmi ses objectifs premiers : « il nous faut consolider notre position dans un secteur où de nouveaux intervenants ont commencé à apparaître, notamment les maisons de vente qui seront demain autorisées à faire du commerce de gré à gré et représenteront une concurrence redoutable, estime-t-il tout en précisant que, la meilleure façon de lutter, c’est d’être exemplaire, de proposer des ouvrages de qualité, bien décrits dans des catalogues irréprochables : notre savoir-faire est notre principal atout ». Fournir à ses adhérents davantage d’informations pratiques et professionnelles, notamment à travers la lettre d’information constitue une autre de ses priorités. Enfin, représenter la profession auprès des pouvoirs publics mais aussi des instances professionnelles, notamment auprès de la LILA est un autre axe que le nouveau président compte bien développer : « il nous faut aujourd’hui renforcer nos liens avec d’autres pays, comme la Russie et la Chine qui viennent de rejoindre la ligue internationale, car l’avenir de notre métier passe par une visibilité accrue à l’étranger » ajoute-t-il. Cette présence renforcée sur la scène internationale se concrétisera par une participation active aux grandes manifestations en Europe mais aussi sur d’autres continents, et par la mise en place d’un nouveau site internet. Pour mener à bien sa politique, Alain Nicolas s’appuiera sur un bureau renouvelé pour moitié où viennent d’entrer Claude Blaizot et Anne Lamort, deux libraires dont le professionnalisme n’est plus à démontrer. Quant au Salon international du livre ancien, vitrine prestigieuse de la profession, organisé par le SLAM, il sera, dans la mesure du possible, maintenu au Grand Palais malgré le coût et des contraintes de date : « La rentabilité de ce salon est loin d’être acquise, et les dates qui nous sont proposées sont le plus souvent contraignantes, mais nous ferons tout pour maintenir ce salon au Grand Palais » affirme Alain Nicolas."

Pascal Fulacher

Prochainement je vous parlerai du temps pas si vieux où le SLAM publiait une petite revue intitulée Le Bouquiniste français qui deviendra le Bulletin de la Librairie ancienne et moderne, pour finalement disparaitre.

Vos commentaires sont évidemment les bienvenus.

Bonne journée,
Bertrand

vendredi 2 juillet 2010

Un joli diaporama à découvrir ou la reliure au fil des siècles au domaine de Sceaux.


Bien souvent une bonne adresse vaut mieux qu'un long discours.

Voici une bonne adresse découverte par hasard. Un très joli diaporama commenté de reliures et de documents du domaine de Sceaux.

Je vous laisse admirer.


Cliquez sur l'image pour lancer le diaporama


Bonne journée,
Bertrand

Quelques chiffres sur la fréquentation du Bibliomane moderne au mois de juin 2010. Statistiques générales.


Comme tous les débuts de mois, voici les chiffres de fréquentation du Bibliomane moderne pour le mois précédent. Le mois de juin est dans la moyenne des mois précédents avec 8.911 connexions, légèrement en recul par rapport à mai (9.355). Le nombre de pages vues en juin (15.555) est lui aussi en léger recul par rapport à mai (16.840).

Je vous laisse regarder les chiffres en mode graphique. Vous trouverez également ci-dessous les statistiques générales du Bibliomane moderne.



Merci à toutes et à tous encore une fois de votre fidélité. Une mention tout à fait spécial à notre ami Textor qui par son aide régulière permet que le Bibliomane moderne poursuive son chemin.

Les collaborateurs et collaboratrices sont les bienvenus ! De nos jours le bénévolat bibliophile se fait plus que rare... un des symptômes de l'individualisme de masse qui définit si bien notre société moderne ??

Bonne journée,
Bertrand

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